Saviez-vous que vos larmes sont le reflet direct de ce que vous mangez ? Ce n’est pas une image poétique, mais une réalité biologique. Depuis plusieurs années, des chercheurs, dont le Dr François Majo au Centre Ophtalmologique de la Gare à Lausanne, explorent un lien méconnu mais essentiel : celui entre nutrition, microbiote intestinal et sécheresse oculaire. Et ce qu’ils découvrent pourrait bien changer notre manière de soigner nos yeux.
La sécheresse oculaire, un mal chronique en hausse
Picotements, sensations de sable dans les yeux, clignements fréquents, fatigue visuelle… La sécheresse oculaire touche aujourd’hui des millions de personnes, souvent sans qu’elles sachent pourquoi. Cette pathologie n’est pas toujours liée à l’âge ou aux écrans : dans bien des cas, c’est notre organisme lui-même qui produit des larmes de mauvaise qualité.
Les larmes ne sont pas qu’eau salée. Elles contiennent des mucines, des lipides, des protéines, des électrolytes et des substances immunitaires. Un cocktail complexe, directement influencé par notre métabolisme.
« Vos larmes ne tombent pas du ciel » : ce que dit la science
Pour le Dr Majo, la composition des larmes dépend de notre alimentation, de notre digestion et surtout de notre microbiote intestinal – ces milliards de bactéries qui peuplent notre tube digestif.
🦠 Lorsque le microbiote est déséquilibré (stress, antibiotiques, alimentation industrielle…), il devient inflammatoire. Il augmente la perméabilité de l’intestin, provoque ce qu’on appelle le leaky gut syndrome, et libère dans le sang des molécules pro-inflammatoires qui peuvent… remonter jusqu’aux yeux. Résultat : inflammation de la surface oculaire, glandes lacrymales perturbées, film lacrymal instable.
📉 Une étude de 2021 a même montré que les patients atteints du syndrome de Sjögren (forme sévère de sécheresse oculaire) présentent une perméabilité intestinale anormalement élevée et une altération marquée de leur flore intestinale.
Ce que vous mangez change vos larmes
- Oméga-3 (EPA/DHA) : présents dans les poissons gras, ils réduisent l’inflammation des glandes de Meibomius et améliorent la qualité du film lacrymal.
- Vitamine A : indispensable à la production de mucines, elle stabilise la couche muqueuse des larmes.
- Vitamine D : son rôle immunomodulateur protège contre l’inflammation chronique.
- Zinc et sélénium : antioxydants essentiels au métabolisme de la vitamine A.
Des compléments alimentaires bien ciblés, associés à une alimentation équilibrée et individualisée, peuvent améliorer durablement la qualité des larmes et réduire les symptômes. Mais chaque patient est unique, et c’est là tout l’enjeu de la micronutrition.
L’œil sec : une pathologie systémique
L’approche classique de la sécheresse oculaire repose souvent sur des gouttes, des pommades ou des soins locaux (type lumière pulsée ou expression des glandes). Ces traitements sont utiles, mais traitent le symptôme, pas la cause.
« Nous ne guérissons pas nos patients, ils reviennent encore et encore avec les mêmes plaintes, » confie le Dr Majo. Pour aller plus loin, il plaide pour une prise en charge globale : soigner les yeux en soignant l’écosystème du patient.
Conclusion : et si on changeait de regard ?
Prendre soin de ses yeux, c’est aussi prendre soin de son microbiote. C’est repenser son assiette, ses habitudes, son équilibre de vie. La micronutrition offre une nouvelle voie, fondée sur des mécanismes biologiques solides et des résultats cliniques encourageants.
👉 Dans les prochains articles, nous vous expliquerons :
- quels sont les 5 meilleurs aliments pour dire adieu aux yeux secs,
- pourquoi les oméga-3 sont vos meilleurs alliés,
- ce que votre microbiote intestinal dit de votre vision,
- et comment un test simple peut révéler une carence en vitamine A qui dessèche vos yeux.
Vos yeux ont faim de mieux. Nourrissez-les.
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus, découvrez la publication scientifique du Dr. Majo: Micronutrition et Maladies Chroniques de la Surface Oculaire